L’école où je travaille, “el barrilette de Colores”, se situe dans le barrio “Memorial Sandino”, un barrio étant un peu l’équivalent des favelas brésiliennes, un quartier pauvre où les gens s’entassent et vivent très proche les uns des autres. L’école a été fondé par AMCA, l’association qui m’emploie et qui a aussi développé des hôpitaux dans la region.


Jusqu’à il y a quelques années, c’était une école privé, et elle est devenue publique il y a 3 ans, ce qui veut dire que les enfants suivent le programme des autres écoles et ont les cours de 7h à 12h. Pourtant el barrilette a ça de plus qu’il propose un petit déjeuner et un diner aux enfants; chacun amène son assiette et un repas simple mais plutôt bon (frijoles une à 2 fois par jour) est donné aux quelques 350 élèves. J’ai pu lire un rapport d’une étude faite il y a 3 ans par un sociologue qui montrait que plus de 50 pourcent des enfants du quartier étaient sous-alimentés, et ça pour 2 raisons: beaucoup de familles vivent avec moins de 120 dollars par mois et aussi beaucoup d’enfants sont des fils d’enfants qui ne savent ou ne veulent pas trop s’occuper des petits. Les parents ayant autours des 16 ans quand ils ont leur premier enfant sont nombreux, et il y a des cas assez horribles aussi où le papa est aussi le grand-papa...L’école propose aussi des activités l’après-midi jusqu’à 4 heures: jeux, sport, informatique, bricolage, theatre, anglais et cours de misquito (un dialecte indigene). Pour y participer les parents doivent soit payer, soit venir une fois par mois travailler dans l’école, les mamans viennent souvent aider à la cuisine par exemple. Une centaine d’enfants participent aux activités et ne trainent ainsi pas dans la rue.

Un autre problème marquant est la violence familiale très répandue: beaucoup d’enfants ne répondent que difficilement si on élève pas la voix, et c’est un des gros challenges des profs de gérer les 45 élèves des classes en faisant preuve de calme et de douceur.

Pourtant malgré ce portrait peu édifiant, j’ai l’impression que l’école marche bien. C’est un havre de paix et de sécurité. L’école est entouré d’un mur avec des barbelés au-dessus et il n’y a qu’une petite entrée sur veillé par “tio”Felipe ou “tio” Ramiro, les “securitas” qui habitent le quartier et surveillent l’école nuits et jours. Une fois à l’intérieur, l’environnement est sain, propre, il y a de grands espaces pour jouer, des balançoires, des arbres (bananier, manguier...) un terrain de foot et une atmosphère extrêmement chaleureuse.

Tous le personnel se fait appelé “tio” ou “tia”par les enfants, ce qui signifie plus ou moins “tonton”. Je suis donc “tio” Xavier, et je carbure facilement à 4 ou 5 câlins de l’heure avec les plus petits. Ce côté familiale leur apporte beaucoup de réconfort, mais il fait aussi que les problèmes de discipline sont difficiles à régler, la distance nécessaire en suisse n’existant pas ici.
Pour le moment mon travaille consiste à observer les classes et les activités. J’ai juste donné le sport à des élèves de différents niveaux et aidé aussi pour les math. D’ici la fin de la semaine on devrait voir ce que je vais faire plus précisément...